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L'Editorial
de Baba Keita, directeur de l'EPA
Au
moment où nous rédigeons ce 24ème numéro de
La Lettre de l'EPA, l'urgence pour la préservation du patrimoine culturel
africain de plus en plus soumis à des menaces d'intolérance,
de destruction, de pillage et de trafic illicite, notamment avec la multiplication
des crises sociopolitiques sur le continent, nous amène tout d'abord à lancer
un cri du cœur et d'inquiétude. En effet, la situation tragique
qui prévaut depuis le 24 mars 2012 dans le Nord du Mali du fait de la
présence des forces du MNLA, de Ansar Ad-Din, AQMI et autres groupes
armés vient susciter au niveau de l’opinion africaine et internationale
de vives désapprobations et craintes, voire un certain désespoir
au sujet du riche patrimoine de cette région du Mali. A cet égard,
on pourrait rappeler les récentes profanations de deux mausolées
de Saints à Tombouctou, classés au patrimoine mondial de l'Unesco,
la destruction de monuments historiques, d'objets divers, ainsi que les lourdes
menaces qui pèsent sur des centaines
de milliers de manuscrits. Cette situation extrêmement préoccupante
fait craindre le pire pour le devenir du patrimoine culturel du Mali, qui est
aussi bien un héritage de l'Afrique que de l'humanité toute entière.
Face à ce constat catastrophique, qu'il convient de dénoncer
et condamner avec la plus grande fermeté, l'Ecole du Patrimoine Africain-EPA
lance un appel pressant aux institutions spécialisées, aux professionnels
et amis du patrimoine pour constituer un réseau international de pression
et de plaidoyer afin d'informer et sensibiliser l'opinion nationale et internationale
pour des actions concertées en faveur du patrimoine culturel, notre
Bien le plus précieux.
« C'est au bout de l'ancienne corde que l'on tresse la nouvelle ».
Cette parole de sagesse nous invite à la persévérance
en toute circonstance pour que l'espoir soit et demeure. Dans ce numéro,
nous avons le plaisir de partager avec vous les résultats de certaines
activités majeures de l'EPA, dans le cadre de sa mission au service
du développement. Vous découvrirez ainsi dans le «Dossier» les
coulisses de la 12ème édition du Cours universitaire international
de l'EPA sur la conservation préventive dans les musées, archives
et bibliothèques. Ce cours, qui est devenu une Licence professionnelle,
a regroupé pendant deux années académiques, 16 professionnels
du patrimoine dont 6 femmes et 10 hommes provenant de 11 pays d'Afrique francophone
et lusophone au sud du Sahara.
Dans la rubrique « Evènements », vous trouverez l'appel à candidatures
pour la 2ème édition de la licence professionnelle (13ème
Cours universitaire international) en conservation, entretien et maintenance
des collections dans les musées, archives et bibliothèques de
l'Afrique subsaharienne, puis une visite guidée
vous sera proposée autour des changements opérés récemment
dans les locaux de l'EPA afin que cette institution africaine puisse mieux
servir le patrimoine. Dans « Autour
de A comme Afrique » vous découvrirez cette exposition innovante
et internationale, pour parler sans complaisance
de l'Afrique d'aujourd'hui et de demain. Vous aurez également dans
ce numéro, les dernières nouvelles du Fonds EPA, un fonds fiduciaire
conçu pour assurer la pérennité de l'EPA grâce à la
généreuse contribution de 23 donateurs que nous tenons à remercier
très chaleureusement. Enfin, vous lirez dans "Nouvelles d'ailleurs" l'actualité concernant
la journée Internationale des Musées 2012.
C'est aussi l'occasion pour nous de renouveler nos vifs remerciements à toutes
celles et tous ceux qui croient en l'EPA et l'accompagnent depuis sa création.
Bonne lecture. |
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Dossier
Le douzième Cours universitaire international, un défi relevé par
l’EPA
Initié dans
le cadre du programme PREMA1 de l’ICCROM2, le Cours universitaire international
débuté en
1986 à Rome, s’est poursuivi jusqu’au transfert de ce programme
en Afrique à la fin des années 90. Entre 1997 et 1999, PREMA
francophone basé à Porto-Novo (Bénin), a organisé respectivement
les 8ème et 10ème éditions de ce Cours, puis, à défaut
de ressources, cette formation a été interrompue. Ce n’est
qu’en 2010 que l’EPA, héritière du programme PREMA,
a pu organiser la douzième édition de cette formation, grâce à une
contribution remarquable de la Fondation Getty. Seize professionnels venus
de onze pays africains : Angola, Bénin, Cameroun, Congo, République
Démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali,
Sénégal, Tchad et Togo, ont participé à ce cours
qui s’est déroulé du 1er mars 2010 au 15 juin 2011.
Afin de conférer à ce 12ème Cours universitaire tout
son succès, les objectifs ci-après lui ont été assignés
:
- amener les apprenants à être capables de concevoir et d’assurer
les tâches techniques de conservation préventive et de mise
en valeur du patrimoine dans les musées, archives et bibliothèques
de la région subsaharienne de l’Afrique ;
- contribuer à l’amélioration
de l’image des musées,
archives et bibliothèques par le biais de la formation et de la
médiation
du patrimoine conservé en ces lieux.
Pour atteindre ces objectifs et satisfaire ainsi à la demande des institutions
patrimoniales africaines, cette formation a été divisée
en 6 semestres dont les 2 premiers sont validés par acquis de compétences
professionnelles. Les quatre autres qui ont eu lieu à l’EPA,
ont couvert une masse de 3 000 heures réparties en temps de cours, en
travaux dirigés et en temps de travail personnel. Les différents
enseignements ont porté sur les notions suivantes : gestion du patrimoine,
introduction à la
conservation préventive, environnement des collections, connaissance
des matériaux et de leurs agresseurs, exposition et publics, stage pratique
dans les institutions d’origine, voyages d’études, et enfin,
préparation et soutenance des mémoires.
L’approche participative utilisée a permis d’atteindre d’importants
résultats dont entre autres :
- le renforcement des capacités théoriques et pratiques des
16 participants engagés dans cette formation (court terme).
- l’amélioration
des conditions de conservation des collections et des fonds documentaires
des institutions représentées
;
- le dépoussiérage et l’entretien des collections
de 4 musées
(Adjara, Musée Ethnographique de Porto-Novo et Mini musée
EPA au Bénin, et musée national du Burkina Faso), des
fonds de l’infothèque
de l’EPA, des Archives Nationales et de la Bibliothèque
nationale du Bénin.
Les acquis et expériences du présent cours méritent d’être
capitalisés, repris et amplifiés pour la sauvegarde du patrimoine
culturel africain. C’est pourquoi, l’EPA se lance déjà dans
la préparation pédagogique et la recherche de financement du
13e Cours universitaire international qui donne désormais droit à une
licence professionnelle.
IB
[1] PREMA 1990-2000 : PREvention dans les Musées Africains, programme
créé par l’ICCROM dont la mission essentielle était
la sauvegarde urgente des collections africaines.
[2] ICCROM : Centre international d’études pour la conservation
et la restauration des biens culturels. Organisation gouvernementale basée à Rome
(Italie). |
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Evènements
Annonce
L’EPA lance pour mars 2013 la 2ème édition de la licence
professionnelle (13ème Cours universitaire international) en conservation,
entretien et maintenance des collections dans les musées, archives et
bibliothèques de l’Afrique subsaharienne. A cet effet, un appel à candidatures est ouvert jusqu’au 30 juillet 2012 pour la sélection de 16 participants.
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Quelques changements à l'EPA
Un nouveau visage pour mieux servir le patrimoine !
Si
cela fait longtemps que vous êtes venu à l'EPA,
il y a de fortes chances que vous ne vous y retrouviez pas. Tout d'abord, l'institution
est désormais abritée par deux bâtiments au lieu d'un comme
ce fut le cas à sa création. En effet, depuis juillet 2010, grâce au financement
du Ministère français des Affaires étrangères et
européennes, un nouveau bâtiment est sorti de terre et a permis à l'EPA
d'augmenter ses capacités d'accueil. Il s'agit d'un bâtiment construit
dans le même style que l'ancien (gabarit, décoration, toiture...),
avec la particularité de contenir quatre niveaux dont un sous-sol et
une mezzanine. En termes d'espaces, il contient une grande salle polyvalente
de 100 m2 environ, entièrement équipée, dix-sept bureaux,
des galeries qui renforcent son caractère colonial, une petite salle
de réunion et des dépendances. Le tout pour une surface utile
de 700 m2. En plus de ce nouveau bâtiment, de nombreux changements achèvent
la métamorphose. On peut citer entre autres le remblai de la cour. L'environnement
s'en trouve changé : vous ne percevrez plus cette butte juste avant
l'entrée de l'ancien bâtiment qui cachait une fosse, vestige du
temps où les lieux avaient servi de cadre aux travaux pratiques des étudiants
et chercheurs du département de chimie de l'Université Nationale
du Bénin. Toujours au niveau de la cour, un jardin de 1 000 m2 agrémente
cet ensemble dans un cadre verdoyant et calme, et trois nouveaux garages ont été aménagés
pour les visiteurs et le personnel.
Enfin, un groupe électrogène a été acquis pour
l'autonomie énergétique de l'institution avec le soutien de l'ASDI
(Suède) dans le cadre de Africa 2009 / ICCROM, ainsi qu'un minibus
de 15 places acquis grâce au soutien des Etats-Unis d'Amérique
et de l'UNESCO, pour faciliter le déplacement des étudiants
et participants aux ateliers et formations. Bref, l'EPA s'est renforcée à travers
de nombreux changements pour mieux servir le patrimoine et les professionnels.
OS |
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Autour
de A comme Afrique
« A comme Afrique », regard croisé sur le continent
Réalisée
dans le cadre de la mise en œuvre du programme « les musées
au service du développement » - Msd financé par le Ministère
français des Affaires étrangères et européennes,
A comme Afrique est une exposition internationale qui a impliqué pour
son élaboration des institutions partenaires comme le National Museums
of Kenya, le Musée National du Burkina Faso et le Musée du Quai
Branly. Elle a été réalisée en chantier-école,
permettant la formation pratique de professionnels africains des musées,
favorisant des échanges au sein du continent. Le fil conducteur de cette
exposition conçue en français et en anglais est l'alphabet dont
chacune des vingt six lettres traite un thème pertinent pour l'Afrique
d'hier, d'aujourd'hui et de demain, en diversifiant les domaines : culture,
société, art, science, etc. Sur chaque site, elle se déploie
sur 800 m2 environ. Basées sur la même matrice, les deux versions
ont abouti chacune à des résultats différents.
Inaugurée au National Museums of Kenya, Nairobi, le 15 juillet 2010
et fermée en juillet 2011,
la version anglophone de cette exposition a accueilli pendant une année,
80.000 visiteurs. Un programme de médiation conçu autour de six
modules (Africa, Cuisine, Football, Painting, Kilimandjaro, Nature, Music)
a permis de dérouler dix-sept activités aussi riches que variées à destination
de publics aussi divers : familles, groupes scolaires, enfants, adolescents,
public handicapé, grand public. Environ 50.000 personnes ont pris part à ces
activités.
Quant à la version francophone, ouverte aux publics depuis le 5 août
2011 et officiellement inaugurée le 6 mars 2012 au Musée National
du Burkina Faso, elle a, fin avril 2012, enregistré plus de 12.000
visiteurs, recueilli plus de 2.000 réactions dans les différents
interactifs mis en place, et touché environ 1.500 personnes autour des
différentes activités de médiation (concours, spectacles,
causeries, ateliers pédagogiques, etc.). L'exposition prendra fin en
décembre 2012, donnant ainsi au musée la possibilité d'expérimenter
différentes formes de médiation et d'aller "chercher" les
publics dans divers lieux.
Mai a été le mois du module E comme exploitation, autour duquel
se sont déroulés des ateliers variés.
DT
En savoir plus... |
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Des
nouvelles du Fonds
Conçu
pour assurer la pérennité de l'EPA, le Fonds EPA est un fonds
fiduciaire qui produit chaque année, des intérêts permettant à l'institution
de couvrir 30 à 40 % de son budget de fonctionnement. Créé et
géré par l'ICCROM depuis 2001, le Fonds a un capital de 2 484
204 euros rassemblé grâce aux contributions de 23 donateurs (pays,
fondations, organisations internationales et privées ainsi que des particuliers).
En 2009, une nouvelle recherche de fonds a été lancée
par les Etats membres de l'ICCROM pour faire passer le fonds à 3 millions
d'euros. A ce jour, 3 donateurs y ont répondu à hauteur de 97
000 euros à savoir : le Ministère de la culture du Luxembourg,
la Fondation Annenberg Weingarten et enfin la Fondation Heydar Aliyev dont
la contribution de 50 000 euros est intervenue au cours du mois d'avril dernier.
Il nous reste encore 515 800 euros à trouver.
Signalons que le Fonds EPA est placé sous le Haut Patronage de :
M. Abdou Diouf, M. Alpha Oumar Konaré, M. Javier Pérez de Cuéllar,
M. Koïchiro Matsuura, M. Quincy Jones, M. Jacques Chirac, M. Emile-Derlin
Zinsou, Mme Maria Barroso Soares, M. Carlo Azeglio Ciampi. L'EPA remercie
tous les donateurs qui ont généreusement contribué à ce
Fonds.
FLJ |
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Nouvelles d'ailleurs
JIM 2012 au Togo et au Bénin
Dans le cadre de la Journée Internationale des Musées, le 18
mai, les Ambassades de France à Lomé et Cotonou ont initié les
Rencontres sur le Patrimoine. A cet effet, une table ronde a réuni le
mercredi 16 mai à l'Institut français de Lomé, des personnalités
et institutions dont le Directeur des Etudes du Centre régional d'action
culturelle (CRAC), M. Jules Bocco, le Directeur du Développement et
de la Recherche de l'Ecole africaine des métiers de l'architecture et
de l'urbanisme (EAMAU), M. Ambroise Adjamagbo et la directrice du Musée
national du Togo, Mme Maggy Goeh Akue. M. Ismaïlou Baldé, coordinateur
du pôle Formations et Recherches à l'EPA, a présenté à cette
occasion, une communication sur "Les enjeux de la formation sur le patrimoine».
Le samedi 19 mai à l'Institut français de Cotonou, l'expérience
du MSD mise en œuvre par l'EPA était présentée lors
de la table ronde: Expériences, bilan et perspectives du programme « Musées
au service du développement », modérée par M. Baba
Keita, Directeur de l'EPA et M. Tidjani Serpos, ancien ADG Afrique de l'UNESCO.
Plusieurs professionnels de musées du Bénin et du Togo dont M.
Richard Sogan, Directeur du patrimoine culturel du Bénin, le commissaire
scientifique de l'exposition A comme Afrique, M. Joseph Adandé, M.
Edouard Koutinhouin et Mme Diane Toffoun de la coordination du Msd à l’EPA
y ont participé.
Dans le même temps à Porto-Novo, le Musée Honmè organisait
une journée « portes ouvertes ». Le Jardin des Plantes et de
la Nature (JPN) a programmé un spectacle de marionnettes et organisé,
dans certaines écoles, une campagne d'information sur le Musée.
Enfin, le ministère de la culture a monté à Cotonou, en
partenariat avec les Forces Armées Béninoises, l'exposition « Le
rôle des femmes dans l'armée béninoise : Des amazones à nos
jours ».
OS |
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Paroles de sagesse
« Le sel vient du nord, l'or du sud et l'argent du pays des Blancs,
mais les paroles de Dieu, les choses savantes, les histoires et les jolis contes,
on ne les trouve qu'à Tombouctou ».
Proverbe soudanais du 16ème siècle
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